Vivre ou revivre, naître ou renaître, il y a mille et une façons de parcourir la route, rencontrer ses compagnons de voyage ou se rencontrer soi-même. Tel un pèlerin d’espérance, chacun chemine en quête de sa propre vérité, de sa propre humanité. Et nul n’en sort totalement indemne...

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Situé sur une avancée rocheuse au sud-est du Schlossberg, à 530 mètres d'altitude, le Lœwenstein fut probablement édifié sous le règne de l'empereur Frédéric Barberousse afin de surveiller la route d'axe nord-sud passant à proximité.

Reprise en main et transformations

L'existence du château n'est pas mentionnée avant 1282, lorsque le Grand Bailli (Otton III d'Ochsenstein) contraint Wolfram de Lawenstein, chevalier pillard, à rendre le burg impérial. On peut s'interroger sur le lien de parenté entre les Fleckenstein et les Lawenstein, le prénom Wolfram étant très usité chez les premiers. Quoi qu'il en soit, l'acte de restitution sera signé la même année, et Otton recevra la garde du château, dont les dépendances seront données en fief aux nobles de Windeck.

Sous Otton IV d'Ochsenstein (vers 1370-1375), le château est partagé en deux et une fissure du rocher est élargie pour séparer les deux ensembles. C'est probablement à cette époque que fut construite la tour d'escalier qui permettait d'accéder au logis du château méridional. Ce premier burg est donné en arrière-fief à Hans Streuff von Landenberg, surnommé Hennel, tandis que les Ochsenstein conservent la partie septentrionale. Afin d'éviter toute querelle, Otton et Hennel signeront une paix castrale en 1380.

Mais bientôt, les Ochsenstein connaissent des difficultés financières, en partie liées à la reconstruction du château d'Ochsenstein, détruit par les Strasbourgeois en 1382. Otton IV se voit dans l'obligation, en 1383, de céder la deuxième partie du château à Hans von Bitsch, surnommé Albé. Malheureusement, ce personnage déjà célèbre pour ses actes de brigandage s'allie à Hennel en une guerre ouverte contre les Lichtenberg, avec lesquels les Ochsenstein eux-mêmes avaient un contentieux.

Un siège mémorable

Jean de Lichtenberg demande alors de l'aide à la ville de Strasbourg, à laquelle il a acheté le droit de bourgeoisie. Strasbourg répondit favorablement à cette requête. Elle envoya à chacun des deux seigneurs une lettre exigeant des explications avec ordre de venir rendre compte à Wœrth. Hennel répliqua tout net qu'il ne faisait que se rendre justice face aux torts que les Lichtenberg leur avaient causés ; quant à Albé, il renvoya la lettre à la ville en lui disant de se mêler de ses affaire et en précisant que sa famille avait des griefs valables contre les Lichtenberg, les qualifiant même de Landzwinger (c'est-à-dire de voleurs de terres).

Face à ces réactions, la ville de Strasbourg se met en campagne en 1386, et assiége le château avec plusieurs lances, une importante infanterie et de nombreux archers. Une première sommation est rejetée. Les artisans de la ville construisent alors une tour, posée sur une plate-forme, depuis laquelle des boulets de pierre sont tirés, avec pour objectif la Tour de Hennel, c'est-à-dire le donjon pentagonal qui couvre les bâtiments d'habitation. Peu ébranlée, la défense réplique en tirant contre la plate-forme.

Jean de Bock, l'un des quatre stettmeiser de la ville, et chef de l'expédition, décide alors de déplacer sa base arrière de Gœrsdorf vers le Fleckenstein et le Hohenbourg. Mais malgré une pression continuelle, les assauts sont repoussés. Les Strasbourgeois mirent alors en œuvre des armes nouvelles : les Geschütze, ou arquebuses. Deux tours roulantes furent construites afin de permettre aux mineurs de s'approcher des défenses et de faire leur travail de sape.

Un lourd bilan financier

Au bout de dix jours de siège, le château était bien endommagé. Devant l'avancée des sapeurs, à une demi-pique des défenses selon un rapport de Bock à la ville de Strasbourg, le capitaine du château, Albrecht Frige von Hohenart, capitule le 19 juin.

Le Lœwenstein est détruit. Cette opération aura coûté plus de 14 000 florins à la ville de Strasbourg, bien plus que la valeur immobilière du château. Les Ochsenstein exigent réparation. En 1393, Ottemann, Herr zu Ochsenstein, énumère les torts qui lui ont été faits, notammennt le pillage de Marlenheim et la destruction du Petit Ochsenstein et du Lœwenstein, estimés à 2 000 florins. A la ville de Strasbourg, il écrit : "Item auch hant sy mir Lowenstein mein vesten czerbrochen in den dingen daz ich auch nicht wuste mit yn zu schaffend han, da ich doch sundern veils, brucken, porten und turn hett und ich, und dy von meinen wegen da ynnen warent..."

Hennel et Albé, absents durant le siège, se cherchèrent un puissant seigneur pour soutenir leur cause. Ayant échoué, Hennel finit par signer la paix avec Strasbourg le 9 avril 1387, s'engageant à ne pas demander de dédommagements pour les pertes subies. La chronique de Specklin nous dit que les deux compères auraient repris par la suite leur vie de brigandage, rançonnant les commerçants sur la route de Bitche. Capturés par surprise au château de Nieder-Motherburg (Niedermodern), ils seront finalement jugés et décapités.

Retour au calme

En 1386, à la suite du siège du château, les Ochsenstein avaient donné la ruine en fief aux Puller de Hohenburg, lesquels effectuèrent quelques travaux de réfection. A la mort du dernier des Puller, malgré les prétentions de l'évêché de Strasbourg, ce furent les Sickingen qui purent jouir du fief. Plusieurs auteurs estiment que ces derniers remirent le château en état pour en faire un poste avancé du Hohenbourg.

A la mort du dernier des Ochsenstein, les biens de la famille passèrent en héritage aux comtes de Deux-Ponts-Bitche, puis en 1570 aux Hanau-Lichtenberg, et enfin aux Hesse-Darmstadt en 1736.

A la Révolution, les ruines du château de Lœwenstein entrèrent dans le patrimoine de l'administration des Eaux et Forêts. En 1866, des travaux de consolidation furent entrepris et le château fut classé monument historique en 1898.

Visite du château (face )

Légende : le Lindenschmitt

Le Lœwenstein est aussi appelé le Lindenschmitt, ou encore le Linkenschmidt (le forgeron gaucher). C'est le nom d'un terrible chevalier brigand qui, placé en embuscade le long des routes, détroussait commerçants et pélerins. La légende raconte que pour dérouter ses poursuivants, il ferrait ses chevaux à l'envers !

L'histoire raconte aussi que le Linkenschmidt, arrêté par Gaspard de Freundsberg, espion du margrave de Bade, fut décapité à l'aube avec son fils et son serviteur. Depuis, la ruine du château est hantée : à chaque fois qu'une guerre se prépare, on entend à la nuit tombée le Linkenschmidt qui sort avec sa bande en poussant des cris sauvages.


Bibliographie :
G. Trendel et Ch. Carmona, Les châteaux des Vosges, Tome I

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